LONDRES (Reuters) - Des chirurgiens britanniques ont obtenus mercredi le feu vert définitif des autorités pour pratiquer la première greffe intégrale de visage de l'histoire, perspective qui suscite des inquiétudes sur ses conséquences physiques et psychologiques pour le patient.
L'équipe de transplantation faciale du Royal Free Hospital, à Londres, a été autorisée par le comité d'éthique de l'établissement à effectuer quatre greffes de visage.
"Nous pouvons maintenant commencer à étudier les candidatures et à établir une liste de quatre personnes qui souhaitent subir une telle opération", a déclaré Peter Butler, qui dirige cette équipe.
"Nous continuerons à agir avec prudence et circonspection, il n'y aura pas de précipitation et il faudra peut-être attendre plusieurs mois avant que nous soyons prêts à mener une telle opération", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le comité d'éthique de l'hopital a précisé avoir donné son accord après examen attentif des résultats des recherches du service du professeur Butler depuis dix ans.
L'an dernier, des chirurgiens français ont effectué la première transplantation partielle de visage - nez, lèvres, menton - sur une jeune femme, Isabelle Dinoire, qui avait été défigurée par son chien. L'opération avait duré quinze heures.
La greffe menée par le professeur Bernard Devauchelle et son équipe du Centre hospitalier universitaire d'Amiens (Somme) a suscité un vaste débat sur les conséquences psychologiques d'une telle opération pour le patient et les proches du donneur.
"Changing Faces", un organisme qui représente des personnes défigurées, aurait préféré que la décision d'autoriser de telles greffes soit repoussée jusqu'à ce que le Royal College of Surgeons, l'ordre des chirurgiens britanniques, revoie ses recommandations sur les transplantations faciales.
"Ce que nous voulons, c'est que toute personne concernée par cette procédure ait bien conscience des risques et des avantages, et notamment des risques liés au traitement immunosuppresseur", souligne "Changing Faces" dans un communiqué.
D'autres spécialistes ont salué la décision du comité d'éthique.
"Cela marque un progrès pour la chirurgie de reconstruction faciale", a déclaré Michael Earley, ancien président de l'Association britannique des chirurgiens plasticiens (BAPRAS).
"Face Trust", une association qui recueille des fonds pour la recherche en chirurgie esthétique faciale, a lancé un appel pour financier les futures transplantations, dont le coût est estimé à au moins 25.000 livres (50.000 dollars) chacune.
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