Le Printemps de Bourges a trente ans

Le Printemps de Bourges a trente ans

Le 30e Printemps de Bourges ouvre ses portes ce mercredi. Sur scène cette année, des têtes d'affiche françaises comme Zebda ou Jeanne Cherhal mais aussi la nouvelle vague du rock "indépendant" américain et britannique, avec The Spinto Band et les Arctic Monkeys.

Trente ans, c'est l'âge où l'on délaisse ses rêves de rock star pour se consacrer à une "vraie" carrière, enfin conscient que les tours du monde devant des salles combles, ça ne nous arrivera jamais. Trente ans, dans la musique, c'est aussi deux époques radicalement différentes. En 1977, en pleine période punk (Sex Pistols, The Clash) et disco, naissait l'un des plus grands festivals français, le Printemps de Bourges. En 2006, le monde la musique a changé, a connu plusieurs révolutions, le passage du vinyle au cd, l'arrivée du tout numérique et le piratage... Les modes passent, mais le succès du festival, lui, ne se démentit pas.

"Rester fidèle à une identité"

La recette du succès ? Une identité propre, qui fait la fierté de son créateur, Daniel Colling : "ce qui me satisfait c'est de l'avoir fait durer. La performance a surtout été de rester fidèle à une identité qui plait encore au jeune public. Il a fallu lutter contre un phénomène naturel de vieillissement, contre cette tendance qu'a la jeunesse de dire : c'est le festival de mon grand frère, voire de mon père, donc je vais ailleurs". Dès le départ, l'idée du festival était de promouvoir des artistes auxquels peu croyaient : "le Printemps a un peu été créé en réaction. Les artistes plutôt paillettes, qui tournaient en boucle en télé chez les Carpentier ou Guy Lux, c'était Dalida, Mike Brant, Claude François, Sardou... A côté de ça, il y avait d'autres artistes qui poussaient, comme Higelin, Lavilliers ou Béranger. Dès le premier festival, notre démarche avait déjà un sens".

Une affiche éclectique

Un "sens" que Daniel Colling s'attache à conserver depuis trente ans, en présentant une affiche à l'éclectisme rafraîchissant. Ainsi, au cours du festival, se succéderont sur scène des artistes phares de la scène française comme Raphaël, Yann Tiersen et Dionysos, mais aussi des artistes moins médiatiques (du moins en France) tels que dEUS, The Flaming Lips, ou les vétérans punk mancuniens The Buzzcocks. Tout un programme...

Arctic Monkeys et The Spinto Band prennent la relève

Trente ans plus tard, le Printemps de Bourges séduit et attire toujours les jeunes groupes dits "indépendants", comme les Arctic Monkeys, symbole de la génération téléchargement, ou encore The Spinto Band, sept garçons originaires du Delaware dont la musique est une sorte de croisement improbable entre Weezer et Pavement, peut être le disque le plus séduisant de ce début 2006.

Ce vent de nouveauté est d'ailleurs, selon son créateur, un des facteurs majeurs de la pérennité du festival : "à l'origine, le Printemps voulait donner un coup de projecteur annuel sur les musiques populaires. On pense être, 29 ans après, toujours fidèle à cette ligne de conduite : montrer les tendances du moment, voire du lendemain", explique-t-il, en soulignant fièrement que 80% du public de l'an dernier n'était pas né en 1977.

"Attention talent scène"

Le festival ne se contente pas de soutenir et de promouvoir les nouveaux talents, elle les trouve aussi. Comme chaque année depuis 1985, le Printemps de Bourges donne leur chance à des artistes à la recherche d'une maison de disque. L'opération "Attention talent scène" a ainsi permis de révéler ces dernières années des jeunes pousses comme Jeanne Cherhal, Nosfell ou encore Anaïs. Au cours de cette édition 2006, 32 artistes ou groupes auront la possibilité de se produire devant plus de 50 000 personnes sur six jours. Une manière aussi pour le festival d'assurer son avenir...

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Le concept original des Escapades

Les Escapades, journées qui permettent de découvrir un site touristique et s'achèvent par un concert, mettront à l'affiche la pétulante Anaïs, Juliette ou le Cirque des mirages. Plusieurs spectacles feront plus explicitement référence à l'histoire du Printemps, en cette 30e édition. "His initials SG" sera consacré vendredi à Serge Gainsbourg, avec Daniel Darc, Rodolphe Burger, Mick Harvey ou Miossec, avant une soirée Léo Ferré samedi (avec Cali ou Dominique A). Autre artiste à avoir marqué le festival : Jacques Higelin, qui était déjà à l'affiche de la première édition, lors de laquelle il avait présenté Charles Trenet à un public qui considérait celui-ci comme un "ringard". Higelin partagera l'affiche avec son fils Arthur H jeudi. Bénabar et ses invités clôtureront le Printemps par un concert anniversaire. Joseph d'Anvers, Marcel Kanche, Emilie Simon, Cheikah Rimitti ou l'Ethiopien Mahmoud Ahmed comptent aussi parmi les invités du festival. Le Printemps servira également de tribune aux intermittents du spectacle, qui prévoient une "journée d'action" vendredi pour sensibiliser le public à leurs revendications, avec le soutien de certains artistes.