"Maintenant, les disparitions sont prises au sérieux"Stacy et Nathalie, enlevées il y a dix jours à Liège, en Belgique, restent introuvables. Le mandat d'arrêt décerné à l'encontre du principal suspect a été prolongé lundi. Jean-Denis Lejeune, père de la petite Julie, enlevée et tuée avec son amie Melissa en 1995 par Marc Dutroux, réagit sur LCI.fr.
Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver Stacy, 7 ans, et Nathalie, 10 ans, deux soeurs disparues dans la nuit du 9 au 10 juin à Liège, en Belgique. Le mandat d'arrêt décerné à l'encontre d'Abdellah Ait Oud, principal suspect, a été prolongé lundi. Ce dernier continue de nier toute implication dans cette affaire. Un point presse aura lieu à 16H30.
Il y a onze ans, à la même époque et dans la même ville, Marc Dutroux enlevait et tuait les petites Julie et Melissa. Jean-Denis Lejeune, le père de la petite Julie travaille aujourd'hui à la Délégation générale pour les droits de l'enfant (DGDE).
LCI.fr : Les soupçons se sont très vite concentrés sur un seul suspect. Un peu trop vite ?
Jean-Denis Lejeune : On ne peut pas reprocher aux policiers d'avoir un suspect. Se concentrer sur lui reste la priorité. Il faut essayer de le faire parler au maximum. Par ailleurs, les enquêteurs attendent encore les résultats de tests ADN sur des traces de sang et de sperme retrouvées chez lui. Pour autant, s'il avait été libéré, cela ne m'aurait pas choqué car on ne doit pas garder en prison quelqu'un si on a aucun élément pour le retenir. La loi le prévoit et il faut travailler en fonction de la loi. Etre inquiété ne veut pas dire être auteur. Autrement, cela signifie que l'on a déjà commencé le procès de cet individu, qui n'a peut-être rien fait. S'il avait été relâché, je pense que cela aurait été très difficile pour lui de retrouver une certaine sérénité.
LCI.fr : Stacy et Nathalie ont disparu depuis 10 jours. Pensez-vous qu'il y a encore un espoir de les retrouver saines et sauves ?
J-D. L. : Il faut continuer d'y croire. Je dis toujours que tant qu'on n'a pas la preuve du contraire, les petites filles sont vivantes. Maintenant, il faut trouver des éléments pour confirmer, ou infirmer, cette thèse.
LCI.fr : Les disparitions de Julie et Melissa, en 1995, également à Liège, avaient révélé de nombreux dysfonctionnement dans la police et la justice belges. Avez-vous le sentiment que votre histoire a servi de leçon ?
J-D. L. : Oui. Maintenant, les disparitions d'enfants sont prises au sérieux. Elles sont directement considérées comme inquiétantes. C'est encourageant de voir que des gros moyens ont été déployés très rapidement pour retrouver les deux petites. Les gros moyens, ce sont les plongeurs pour aller dans le fleuve et énormément d'hommes pour faire les battues. C'est aussi un nombre d'enquêteurs et de magistrats suffisant. Par ailleurs, l'association Child Focus* a su diffuser immédiatement un maximum d'avis de signalement pour obtenir et recueillir les meilleurs témoignages possibles. C'est tout ce qui a manqué il y a dix ans pour Julie et Mélissa. Pour moi, c'est rassurant de voir que les leçons du passé ont été retenues.
LCI.fr : Comment jugez-vous le rôle des médias dans cette affaire ?
J-D. L : Ils ont un rôle primordial à jouer, tant dans la retransmission des avis de recherche que dans la qualité des articles qu'ils publient. Depuis dix jours, la photo des petites est omniprésente. Les médias ont un rôle de pression et de communication irremplaçable.
LCI.fr : Que reste-t-il encore à améliorer aujourd'hui ?
J-D. L. : Il faut donner aux enquêteurs un outil qui leur permettrait d'aller plus vite pour repérer les abuseurs sexuels qui sévissent dans une région. Par le biais de la création d'un registre ou d'une banque de données de pédophiles qui ont purgé leurs peines ou sont en libération conditionnelle, avec prise d'ADN. Ce serait des banques de données uniquement accessibles aux services de police, pour éviter les pugilats. Des réflexions sont en cours en Belgique, mais il n'y a rien de bien concret encore.
LCI.fr : S'il vous entend, qu'avez-vous envie de dire au(x) ravisseur(s) de Stacy et Nathalie ?
J-D. L : Je lui dirai simplement que les dégâts sont largement suffisants. Le fait d'avoir arraché ses petites à leur nid familial, ça suffit. Abrégez leur souffrance. Relâchez-les dans la nature, ou bien près d'une école ou d'un hôpital, et que les petites retrouvent vite leur sérénité et leur vie d'avant