Le procès d'un ancien neurochirurgien accusé d'avoir pratiqué des opérations du dos injustifiées sur 24 patients, dont deux sont morts, s'ouvre aujourd'hui. Il risque trois ans de prison
Un ancien neurochirurgien de 57 ans comparaît à partir d'aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour avoir pratiqué des opérations du dos injustifiées et répétées sur 24 patients, dont deux sont morts. L'ancien médecin, dont le procès doit durer cinq jours, est poursuivi pour deux homicides involontaires. Il est également prévenu d'atteintes involontaires à l'intégrité de la personne ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à trois mois sur 21 anciens patients et une ITT inférieure à trois mois sur une autre personne. Il encourt trois ans de prison.
"Il faisait de faux diagnostics"
Les plaignants, qui souffraient de lombalgie, sciatique ou hernie discale, reprochent à Gilles Colnet de les avoir opérés sans justification, souvent à plusieurs reprises, et d'avoir ainsi aggravé leur état. "Il faisait des faux diagnostics", affirme Me Jean-François Canis, avocat de neuf parties civiles : "Il va dire qu'il y a une hernie discale alors qu'il sait pertinemment qu'il n'y en a pas, il va dire 'il faut que je vous opère, sinon vous allez être paralysé' alors qu'il n'y a aucun risque de paralysie". "Il est devenu petit à petit un homme très riche en opérant des gens qu'il n'avait pas besoin d'opérer", poursuit l'avocat.
Selon les experts, ces interventions étaient "justifiées par des diagnostics erronés" : "Ces déformations du diagnostic l'avaient entraîné à réaliser des interventions non seulement inutiles mais mutilantes, agressives et aggravantes". "Nous contestons le lien de causalité", affirme l'avocat de Gilles Colnet, Me Gilles-Jean Portejoie. "Il y a peut-être des fautes qui ont été commises mais cela ne relève pas de la justice pénale", souligne-t-il.
Gilles Colnet a déjà été condamné à deux ans de prison et une interdiction définitive d'exercer pour des faits similaires, commis sur seize autres patients. La cour d'appel de Riom avait confirmé le 14 avril 2005 le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand le 28 juin 2004. Condamné à la peine maximale encourue, M. Colnet, radié à vie par le Conseil national de l'ordre des médecins en avril 2005, s'est pourvu en cassation.