Une mère et sa fille mortes de faim à Aubervilliers
Les deux corps, celui de la mère et de l'enfant, ont été retrouvés le week-end dernier dans leur appartement. Selon les premiers éléments de l'enquête, elles seraient mortes de faim. Leur entourage n'aurait rien remarqué.
Une mère et sa fille d'origine mauricienne, découvertes sans vie le week-end dernier dans leur appartement d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), sont semble-t-il mortes de dénutrition sans que personne n'ait remarqué leur détresse. "Personne n'est venu dans la loge demander après elles", a indiqué l'un des trois gardiens de l'ensemble de quatre immeubles de la cité Jules Vallès où habitaient Doomitra, 32 ans, et sa fille Chana, 5 ans, qui y avaient emménagé en 2002. Ce gardien, qui a requis l'anonymat, indique avoir donné l'alerte lui-même vendredi. "J'ai vu qu'il y avait des mouches sur leur balcon. J'ai appelé ma responsable et on a prévenu les pompiers. Tous les volets étaient fermés. Il n'y en avait qu'un d'ouvert dans la cuisine".
Les examens réalisés par l'Institut médico-légal (IML) ont indiqué que la cause du décès était "la mort naturelle par dénutrition", a précisé Claude Roméo, directeur de l'enfance et de la famille au conseil général, confirmant une information parue dans le Parisien mardi. La mort pourrait remonter à un ou quatre mois. Un voisin, habitant au même niveau, a indiqué n'avoir "rien senti" pendant tout ce temps. "Il n'y a pas de fraternité, ici, c'est ce qui manque", a-t-il ajouté. Un commentaire qui rejoint celui d'une voisine selon laquelle il y a dans l'immeuble "beaucoup de retraités, qui ne s'occupent que d'eux. Ici, on se dit bonjour, c'est tout".
Des inscriptions mystiques sur les murs
Selon le Parisien, des inscriptions mystiques auraient été retrouvées sur les murs de l'appartement, et des analyses toxicologiques seraient en cours. Doomitra "faisait venir des marabouts" chez elle, a ajouté cette voisine, qui parle d'elle comme d'une femme "mince et belle, les cheveux longs", et de sa fille comme d'une petite "mignonne, qui ne faisait pas de caprice. On ne l'entendait pas".
Selon Claude Roméo, la mère et sa fille avaient emménagé en 2002 dans leur appartement d'Aubervilliers. La jeune femme, qui avait travaillé un temps dans une crèche de Levallois-Perret, avait cessé son activité en 2002 pour s'occuper de sa fille. Elle touchait le RMI et percevait deux ou trois fois par an, toujours selon Claude Roméo, une aide financière de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Elle avait été vue la dernière fois par l'ASE en novembre 2005.
Une réunion entre le parquet, les services de l'Education nationale et le Conseil général devait avoir lieu mardi après-midi pour déterminer comment ce drame a pu survenir. Et comprendre "pourquoi personne ne s'est inquiété alors que la petite fille n'allait plus à l'école ni au centre de loisirs depuis 4 mois", a précisé Claude Roméo. Chana étant à l'école maternelle, elle n'était toutefois pas soumise à l'obligation scolaire, et le signalement de son absence n'avait rien d'obligatoire. L'enquête à été confiée à la Police judiciaire.